PubGazetteHaiti202005

Plus de 4 mois après la mort de l’étudiant Gregory St Hilaire : Les portes de l’école Normale Supérieure (ENS) de l’UEH sont toujours fermées

L'école normale, un lieu abandonné.


Le 2 octobre 2020, des agents de l’USGPN ont ouvert le feu sur des étudiants qui protestaient pour le respect du protocole d’accord passé entre le ministère de l’éducation nationale et la formation professionnelle (MENFP) et l’école normale supérieure (ENS) pour la nomination directe des étudiants finissants. Dans l’enceinte où loge l’Ecole Normale Supérieure sous les hangars à la rue Mgr Guilloux , l’étudiant finissant Gregory St Hilaire, a été atteint d’une balle dans le dos, occasionnant sa mort. Depuis lors, les portes de l’ENS ont été fermées.


A l’entrée sud, la barrière principale à demi ouverte, les murs noircis et les autodafés des livres rappellent ce souvenir hideux d’une partie de l’avant de la bibliothèque incendiée. Quelques chaises éparpillées, les rares étudiants qui y viennent admirer avec désolation l’espace qui jadis était un symbole de résistance. L’ENS est la seule entité de l’université de l’Etat haïtien qui forme les normaliens pour intégrer le niveau secondaire dans le pays, la formation académique dont elle dispose quoique inadaptée aux normes établies, la position de L’ENS dans les luttes antérieures font de cette entité une véritable source d’espoir. 

“J’étais étonné de voir la façon dont était logé l’ENS, du coup j’ai appelé le président qui lui aussi ne savait pas que ma situation était aussi grave”, lance le PM Jouthe après une visite des lieux le 27 octobre 2020. En fait, le Ministre avait profité de l’occasion pour visiter le nouveau local promis à l'ENS a Pacot (Quartier de Port-au-Prince).
 “Je me suis entretenu avec le recteur de l’UEH et des directeurs de l’ENS. On a débattu du protocole d'accord entre l'ENS et le MENFP pour la nomination des étudiants stagiaires, la construction du campus de l'UEH et l'acquisition d'un bâtiment au profit de l'ENS”, lit-on dans un message adressé à la communauté estudiantine sur son compte Twitter officiel. 

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Des démarches ont été effectuées auprès des .. mais plus rien de concret n’a été fait . Au contraire, dans une note datant du 11 décembre 2020, la direction de l’école normale supérieure a fait une mise au point sur l’idée selon laquelle il était question d’affermage du bâtiment et non d’achat dans la lettre du premier ministre Jouthe adressée au recteur Fritz Deshommes le 5 novembre 2020. En effet, le  ministère de l’économie et des finances devrait acquérir ce bâtiment selon les instructions du PM.

Perplexe, l'étudiant en première année de philosophie Jean Jeff  n’en croit pas vraiment par rapport à l'enjeu politique que cela représente. “La fermeture de l'école normale supérieure est plutôt politique. On se souvient bien de la position de la direction lors des bavures policières en mars 2020 qui ont fait des blessés au moins dont un professeur devant l’enceinte de l’ENS et aussi la position contre la décision du MENFP via le ministre J. Agénor Cadet de sortir du protocole d’accord avec l’ENS pour ne citer que cela”, affirme -t-il

“En outre, la réouverture peut aussi occasionner un débat sur l’Espace entre certains étudiants qui considèrent l’ancien espace comme un symbole. Tout compte fait, on attend cette réouverture parce qu’on a perdu beaucoup de temps “, explique l’étudiant . 


Manque d’intérêt pour l’éducation, une campagne contre l’éducation, tels ont été les mots utilisés pour qualifier les actes du pouvoir Phtk par Clarens Anglade, étudiant finissant à l’ENS. “ Ils n’ont rien à cirer, c’est évident que  l’éducation n’est pas prioritaire pour ce pouvoir. “Je suis pour le déplacement car nous ne pouvons pas lutter avec nos sacs et les livres avec des agents de la PNH munis de M14 , qui font feu sur tout ceux qui bougent . Si on a un « plan suicide » on peut y rester mais si on devra honorer la mort de notre camarade et continuer la lutte, le moment est venu “, dit Anglade.


En ce qui concerne l’affaire de Gregory St Hilaire qui a occasionné la fermeture, l’ENS et le rectorat de l’UEH attendent que justice soit faite. Et pour les locaux, ils attendent aussi sans donner une date précise pour la réouverture de l’établissement à Pacot. “Ce que je peux dire, l'ENS est une faculté d'état qui a besoin des locaux appropriés pour atteindre ses objectifs. L'état doit jouer son rôle concernant la reconstruction. La Direction de l'ENS travaille beaucoup sur ce sujet en ce moment. Ça apportera son fruit”, explique le
Dr Dieuseul Predelus, membre du conseil de direction de l’école normale supérieure.

En effet, le Dr Predelus a insisté sur le fait que la rupture du protocole d’accord est le hic du problème au sein de l’ ENS . “La Direction n'a pas pour obligation d'être d'accord ou pas avec la décision du ministère de l'Éducation nationale et de la formation professionnelle. Le Ministre a dénoncé le protocole, ce n'est pas la position de la Direction. Là encore, l'ENS était claire. On doit discuter.” 

Par dessus tout, l’ENS dispose d’un terrain à Carrefour-Feuilles(de Port-au-Prince) pour sa reconstruction qui s’élève à hauteur de 10 millions de dollars us selon les estimations. La coopération japonaise s’était montrée intéressée par la reconstruction. Le MENFP a déjà fait dépôt de onze millions de gourdes dans le cadre de ce projet de reconstruction afin d’aider dans l’étude de sol et la clôture . Mais, les étudiants de l’ENS étudiaient sous les hangars de la rue Mgr Guilloux depuis une décennie.

 

Par Yveson Pascal
Pascalyveson@gmail.com

Credit photos: Gazette Haïti/Stanley Louis

 

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