PubGazetteHaiti202005

Séisme en Haïti/Économie: des économistes craignent des lendemains qui déchantent

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Des économistes craignent des jours noirs pour l’économie nationale après le passage du terrible tremblement de terre du 14 août 2021 terrassant au passage plusieurs départements, à savoir le Sud, la Grand ’Anse et les Nippes. Etzer Emile et Enomy Germain, deux jeunes économistes haïtiens demandent aux autorités étatiques de tout faire pour ne pas répéter les mêmes erreurs enregistrées après le tremblement de terre de 2010 où le pays ne s'est toujours pas remis.

 

De nombreux bâtiments se sont effondrés lors de la puissante secousse qui a piégé des milliers d’Haïtiens sous des dalles de béton. Ce cataclysme survient à un moment où le pays sombre dans l’insécurité et une économie à genoux. Les banques fermées, les entreprises en rupture de stock, les habitants décapitalisés, l’agriculture secouée, l’économie dans cette région vient de recevoir « un coup fatal », titre Etzer Emile dans un texte pour expliquer les conséquences de la situation.

 

« La dépendance à l'égard des envois de fonds de la diaspora et de l'aide des ONG risque de s'accroître », signale Mr Emile ajoutant le chômage, les migrations et l'insécurité alimentaire à la liste non-exhaustive des différents maux que regorge cette catastrophe naturelle. « Il y a presque 2 ans et demi, avec la situation de Martissant, cette région du pays était déjà paralysée que ce soit  le tourisme, le commerce, l’agriculture, l’industrie ou l’élevage », rappelle l’auteur du livre « Haïti a choisi de devenir un pays pauvre. Les 20 raisons qui le prouvent », estimant que cette situation n’est pas le fruit du hasard.

 

Touchée dans toute sa plénitude lors de l’ouragan Matthew, la péninsule du Sud ne s’était pas encore remise de ce drame. Les pertes représentaient 32% du PIB national à ce moment. « Le taux de pauvreté au niveau national est de 67% alors que le département de la Grand ‘Anse à lui seul est de 80 % », soutient Enomy Germain indiquant que le taux de pauvreté du département des Nippes est estimé  67%, 66% pour le Sud. Des chiffres qui démontrent que le bastion de la pauvreté s’installe dans cette région du pays.

 

Les conséquences risquent d’être néfastes

 

Les conséquences économiques du tremblement de terre du 14 août 2021 se font déjà sentir et l’économiste Enomy Germain prévoit un impact considérable de cette catastrophe naturelle dans les 2 prochains mois. « Les dernières estimations se portaient à un taux de croissance aux alentours de 0.1% mais avec le tremblement de terre, il est clair que l’économie nationale se tend vers une croissance négative », prévient Enomy Germain qui estime qu’étant donné que le tremblement de terre survient à un moment où la région était déjà pauvre, il enfonce un peu plus les gens de la région dans la pauvreté.

 

 

 

 

Une opportunité à saisir

 

Pour les économistes, le passage de ce tremblement de terre offre une opportunité à pour la reconstruction d’Haïti. Ne pas répéter les mêmes erreurs du 2010. « Il est important de poser la question de la reconstruction nationale à partir du grand Sud », avise l’auteur du livre « Pourquoi Haïti peut réussir » estimant que se servir du grand Sud permettra d’envoyer des signaux de reconstruction nationale.

 

Pour ne pas répéter les mêmes erreurs commises par le pays après le passage du tremblement de terre de 20210, l’économiste Enomy Germain pense qu’il faut une meilleure coordination de l’aide. «  Il y a un ensemble d’organisations non-gouvernementales qui soulèvent des fonds au nom d’Haïti mais l’argent n’a pas été dépensé en Haïti ni pour Haïti », fait remarquer le professeur d’économie du développement qui croit que les institutions publiques doivent se présenter comme  la véritable institution qui montre le chemin en termes de coordination de l’aide. « Il faut que la société civile fasse pression sur l’Etat afin que l’argent soit dépensé en toute transparence », encourage le jeune économiste qui ajoute qu’il faudra des rapports réguliers sur les argents reçus et décaissés.

 

De plus, Enomy Germain dit craindre le pire pour le pays prenant en compte la vulnérabilité de la population victime par le séisme. « Plus de 75% de la population du grand Sud vit en milieu rural », disant que les zones reculées ne sont pas forcément touchées par l'assistance humanitaire. Pour l’économiste, ces gens risquent de s’enfoncer dans l’insécurité alimentaire. « L’insécurité alimentaire aujourd’hui estimée à 4.4 millions d’haïtiens sera pire dans les deux mois à venir », prévient Mr Germain.

 

Du côté de l’économiste Etzer Emile, stimuler la capacité économique d'emplois et de meilleures conditions sociales représente les grands axes qui peuvent retirer Haïti de ce pétrin. « Il faut relever certaines infrastructures détruites, appuyer les activités de « business » de la zone et arriver à améliorer la condition de sécurité au niveau de la route Sud », conseille Etzer Emile qui prévient qu’à l’opposé « la relance n’aura pas lieu ».

 

Récemment, Msellati Laurent de la Banque mondiale a informé que les dommages causés par le tremblement de terre du 14 août 2021 se chiffrent à 1, 12 milliards de dollars. Ils concernent le logement, 730 millions de dollars, les bâtiments résidentiels à 162 millions de dollars, les infrastructures : Routes, ponts touchés évalué à 219 millions de dollars.

 

 

 

Par : Daniel Zéphyr

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