12 ans après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, la reconstruction n’est toujours pas au rendez-vous. Les débris de quelques maisons affaissées sont encore visibles dans quelques rues de la capitale. Mais aussi, la véritable identité de la république, le palais national qui a subi la loi du Goudougoudou n’est toujours pas reconstruite malgré les nombreuses annonces des autorités successives. Au champ de mars, le magnifique bâtiment blanc n’est plus admirable depuis 12 ans. Ce 12 janvier 2010, la terre vrombissait, les voitures, les maisons n’ont pas pu résister à la rage de ce séisme dévastateur venant ravager tout sur son passage. Parmi ces bâtiments figurait le palais national, cet imposant bâtiment blanc. Le Palais national, construit en 1921, n’aura pas résisté à la furie du cataclysme. L’œuvre de l’architecte Georges Baussan rejoint dans la poussière une ville endeuillée, amochée, dépeuplée et éplorée.
Les jours et mois suivants le drame furent consacrés aux premiers soins pour les victimes et la mise en terre des morts. De plus, ils étaient consacrés à la réception d’aide, destinée à accompagner à déblayer la ville imagée par des carcasses, des maisons effondrées, des morts empilés et de nouveaux handicapés.
Les rues de la région métropolitaine étaient remplies de citoyens qui s’installaient dans des camps à cause de leur maison ou peur de leur maison fissurée. Les premiers moments étaient consacrés aux urgences. De René Preval à Joseph Michel Martelly en passant par Jocelerme Privert ( seulement un an au pouvoir), la reconstruction du palais national ne fût pas la priorité.
7 ans après, sous l’administration de Jovenel Moïse, un « Groupe de Travail et de Réflexion sur la Reconstruction du bâtiment historique du Palais National » a été installé. Sous l’égide de Clément Bélizaire, coordonnateur de l’unité de construction de logements et de bâtiments publics d’alors, la structure (GTRRPN) avait la responsabilité de coordonner toutes les activités devant aboutir à la réhabilitation du palais national. En septembre 2017, un concours d’architecture pour les professionnels nationaux et étrangers.
Le 12 janvier 2018, le chef de l’Etat avait réalisé la pose de la première pierre du palais national. « Par cette initiative qui marque un moment important dans le grand projet de reconstruction du pays, le gouvernement entend réhabiliter la fierté haïtienne et redonner espoir aux haïtiens », avait expliqué une note publiée sur la page Facebook de la présidence à cet effet.
Le 12 janvier 2020, le feu président de la république Jovenel Moïse a annoncé le groupement Raco Deco de l’Haïtienne Cassandre Méhu et Adjaye Associates du Britannique David Adjaye comme gagnant du concours. Un concours, au-delà des mécanismes utilisés,très critiqué par les « candidats perdants ».
Grâce à ce concours, Cassandre Méhu et son partenaire David Adjaye devraient signer un contrat d’étude d’un million de dollars américains pour concevoir les plans du nouveau palais national. Malgré tous les contacts effectués, la rédaction n’a pu confirmer si le montant a été accordé à la firme.
2 ans après le résultat de ce concours soit cette année de 2022, la reconstruction du palais national est toujours dans l’impasse. Selon les dires de Clément Bélizaire en 2021, le projet n’a pas pu avancer à cause de la pandémie du coronavirus au moment de faire le point sur les étapes administratives et légales déjà franchies et celles à franchir.
Le lieu où a été posée la première pierre est toujours visible. Rien est encore fait. « La pandémie du coronavirus et l’instabilité politique sont pour cause », nous a lâché une source au niveau de l’unité de construction de logements et de bâtiments publics. En ce qui concerne la firme, c’est silence radio!
En 2021, l’architecte Cassandra Méhu, responsable de Raco-Déco, qui attendait la fin du processus administratif et légal, avait indiqué que la Raco Déco-Adjaye Associates S.A ne faisait qu'attendre « la finalité pour répondre selon sa proposition architecturale et technique ». « la palais national est l'un des symboles identitaires que nous avons tous la responsabilité de reconstruire, le plus vite possible », avait-elle soutenu.
« Notre projet prône le respect du patrimoine identitaire, la création d'un nouvel axe qui, présentement, est la modernité que nous devons tous rechercher. Ceci implique une vision large, intégrée avec des normes de qualité et écologiques », avait déclaré Cassandra Méhu interrogée en 2020 par le Nouvelliste, indiquant que le projet est « en communion avec nos idéaux en projetant tout ce plan dans le futur ».
Plusieurs économistes et financiers ayant assisté l’UCLBP ont évalué la valeur actualisée de la construction du bâtiment du Palais national détruit le 12 janvier 2010. L’estimation est autour de 60 millions de dollars US, selon notre source à l’UCLBP qui indique que les données datent de 2021.
12 ans après, Haïti reste et demeure toujours sans son Palais national qui pouvait « rivaliser de beauté » avec les meilleurs du monde.
Par: Daniel Zéphyr
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