PubGazetteHaiti202005

Le Collège présidentiel proposé par l’accord Montana-PEN est voué à l’échec, selon l'historien Georges Michel

@GeorgesMichel

Intervenant le lundi 17 janvier 2022 à l’émission de « Panel Magik » de Magik 9, l'historien et constitutionnaliste Georges Michel a donné son point de vue par rapport au collège présidentiel de 5 membres proposé par le consensus trouvé par entre l’accord Montana et celui du PEN. « Dans ce collège présidentiel, ces 5 membres se battront entre eux inévitablement », croit Georges Michel pour qui « ce projet est voué à l’échec ».
 
Le consensus politique trouvé entre l’accord du 30 août communément appelé accord Montana et celui du protocole d’entente nationale (PEN) ne cesse de faire l’objet de débat dans la société haïtienne. Car, selon les signataires, ce consensus propose un collège présidentiel de cinq membres qui sortiront des accords PEN et Montana conformément aux mécanismes préalablement établis.
 
A la lumière de tout cela, l'historien  Georges Michel y voit un bon projet sur le papier qui dans la pratique peut poser de sérieux problèmes. « On avait fait l’expérience d’un gouvernement collégial en 1957 qui a fini en queue de poisson. Dans ce collège présidentiel inévitablement, ces 5 membres se battront entre eux », croit Georges Michel qui rappelle que les Haïtiens ont toujours la prétention de se battre entre eux pour un rien.  
 
« Ce n’est pas quelque chose qui m’inspire confiance », signale l’historien qui dit ne pas mettre en doute la crédibilité des signataires de l’accord mais plutôt l’aspect pratique du régime proposé. Le constitutionnaliste énumère deux raisons pour lesquelles ce régime proposé est voué à l’échec. « Le collège présidentiel a trop de personnes, il y aura inévitablement une lutte. Le programme politique est trop ambitieux », analyse Georges Michel qui paraphrase « qui embrasse trop mal étreint ».
 
Pour l’historien Georges Michel, la mission que doit se doter n’importe quel pouvoir qui prendra les rênes du pays dans ce contexte socio-politique doit être de rétablir la sécurité et réaliser les prochaines joutes électorales pour renouveler le personnel politique. « Si je regarde les accords Ariel Henry, Montana et PEN, ce sont des programmes pour des gouvernements définitifs  », dit-il.
 
C’est le tiers du Sénat de Joseph Lambert qui aurait dû élire un président provisoire comme le cas de Jocelerme Privert, selon M. Michel. Aux observateurs qui font croire qu’il n’y a plus d’assemblée nationale, il le voit différemment.« En 1811 et 1815, c’est un Sénat qui n’avait que 5 membres qui avait réélu Alexandre Pétion », rappelle M. Michel pour démontrer la viabilité d’une démarche politique comme telle, ajoutant que le Sénat dispose de la légalité républicaine. « Ce sont les derniers élus et dépositaires de la souveraineté nationale », argue-t-il. Toutefois, il croit qu'en choisissant Lambert comme président, le sénat devait ouvrir les élections à d'autres citoyens comme ce fut le cas pour Jocelerme Privert.
 
Toutefois, Georges Michel croit que le Sénat de Joseph Lambert se cache derrière cette affaire de quorum pour ne pas travailler et faire le travail que le peuple leur a confié. « Le Sénat de 1815, lui-même, ne s’est pas caché derrière cette question de quorum pour ne pas travailler », indique le constitutionnaliste.
 
« Le collège présidentiel composé de 5 membres aura au moins une femme. Un membre sortira des mécanismes prévus par l’accord du 30 août. Un membre de l’accord PEN modifié répondant aux critères définis par le consensus politique. Un membre du pouvoir en place répondant aux critères définis par le consensus politique, deux membres sortant dans d’autres secteurs de la société civile validés par le consensus politique aux regards des critères définis et présentés par devant le conseil national de transition », selon le document du collège présidentiel du consensus politique Montana-PEN.
 


 Par: Daniel Zéphyr

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