PubGazetteHaiti202005

Le 7 février 2024 approche, panique au sein du gouvernement

Ariel Henry, premier ministre

C'est la panique totale au sein de l'équipe au pouvoir et alliés à trois (3) mois de la date fatidique du 7 février 2024 marquant la fin de la période transitoire dirigée par le premier ministre Ariel Henry, selon le voeu de l'accord du 21 décembre 2022. Tout a commencé par des déclarations faites par le leader du parti EDE Claude Joseph qui attirait l'attention sur le fait que l'accord paraphé par Ariel Henry et ses alliés publié dans le journal officiel Le Moniteur limitait dans le temps la gestion de ce dernier à la tête du pouvoir. Cette position partagée par plusieurs partis de l'opposition réunis au sein du " Front Uni" allait être crédibilisée et renforcée, il faut le reconnaitre, par la présidente d'honneur du RDNP faisant également office de présidente du HCT, Mirlande Hyppolite Manigat.


 En effet, dans des déclarations faites sur Radio Kiskeya Mirlande Manigat a vertement critiqué Ariel Henry de n'avoir pris «  aucune disposition pour qu'un président puisse être installé à la tête du pays le 7 février 2024 », tel qu’il est clairement mentionné dans le journal Officiel Le Moniteur. Elle croit que ce délai accordé au gouvernement pour la tenue des élections était raisonnable mais Ariel Henry n'en a rien fait. Des propos qui rejoignent ceux de l'opposition qui l'avaient déjà  clairement signifié à la communauté nationale et  internationale. Pour eux, pas question de signer un nouvel accord avec Ariel Henry ayant, selon eux , échoué sur toute la ligne.


Depuis la sortie de la présidente du Haut conseil de la transition (HCT), c'est la panique au sein du gouvernement dirigé par le premier ministre Ariel Henry. Les débats sont très animés et à l'interne on commence par reprocher au locataire de la Primature d'être le responsable de ce qui point à l'horizon pour avoir trop trainé les pieds. 
Dans une lettre adressée à Mirlande Manigat, le leader du parti EDE, Claude Joseph l'a félicitée et l'a conviée à participer à « toute démarche visant à combler le vaccum politique, dit-il, qui sera ouverte le 7 février 2024 ».

Pris de panique et ne sachant à quel jeu se prête Mirlande Manigat, le premier ministre Ariel Henry a profité de la célébration de l'anniversaire de celle-ci pour lui rendre visite. Une visite de courtoisie, mais surtout politique tenant compte du contexte actuel.

Quant aux alliés du pouvoir, ils n’ont pas tout à fait l’esprit tranquille. C’est le cas évidemment de Michel André qui sur X a réagi en jouant sur les mots.

« Le PM Ariel HENRY n'a pas besoin d'un nouvel Accord  Politique pour rester au Pouvoir après 7 Fév 2024. Il a besoin d'une entente pour organiser les élections et transmettre le Pouvoir à des élus Choisis par la population.Le SDP invite les protagonistes à la Raison Politique », a écrit le farouche opposant du régime PHTK ( Martelly et Moïse). Mais beaucoup se demandent s’il y a une différence véritable entre les deux.

 

On se le rappelle, après avoir accepté d'intégrer le HCT, Mirlande Manigat avait déclaré et nous citons : « Mirlande Manigat n'est pas prête à accepter n'importe quoi de n'importe qui ».

Après avoir dénoncé à plusieurs reprises le fait que le HCT qu’ elle préside soit traité en parent pauvre par le Dr Ariel Henry et que toutes les décisions soient prises à l'insu de cette structure, contrairement à ce que dit l'accord du 21 décembre, Mme Manigat est-elle sur le point de prendre sa revanche en faisant ou aidant à faire tomber Ariel Henry ?

La question a toute son importance vu que Mirlande Manigat a toujours souhaité diriger le pays. Mais comment y parviendrait-elle dans le cadre de cette conjoncture ? 

Au niveau de la communauté internationale l'impatience devant l'inaction du gouvernement commence à se montrer. Selon des informations, lors du sommet Canada/Caricom, les autorités canadiennes l'auraient clairement  signifié à Ariel Henry et il en est de même pour les autorités américaines lors de sa visite à New York à l'occasion du Conseil de Sécurité de l'ONU. Le problème de leadership du premier ministre haitien est définitivement questionné par la communauté internationale. Les démocrates qui iront aux élections l'année prochaine ne seraient pas prêts à trainer cette boulette face à un Donald Trump qui n'hésitera pas à crier échec de l’administration Biden en Haïti.

Mais, comment Ariel Henry pourra-t-il sortir de ce pétrin. Après avoir passé plus de deux ans au pouvoir avec ses alliés avec un bilan aussi  désastreux, il ne peut plus rien promettre au peuple haitien, encore moins de ses adversaires qui n'attendaient ou ne rêvent que de son échec.

Un autre dilemme: comment remplacer Ariel Henry au cas où il n'arrivait pas à garder le pouvoir après le 7 février 2024 ?   

Sachant comment il est toujours difficile pour la classe politique de s’entendre sur une issue aux différentes crises qu’a connues le pays, il y a des options ou hypothèses à ne pas négliger: 

la présidente du HCT, si elle bénéficie du soutien d’une partie de l’opposition, du président de la Cour de Cassation Joseph Lebrun, placé à la tête de cette institution, faut-il le rappeler, par Ariel Henry en dehors de la loi;

Un outsider, remake de Gérard Latortue, imposé par les USA, comme en 2004 après la chute d’Aristide.

Ariel Henry et ses alliés ont cru être maîtres du temps, comme l'ont cru ses prédécesseurs. Jean Bertrand Aristide, René Préval, Michel Martelly et Jovenel Moïse en ont fait les frais. Malheur aux dirigeants qui deviennent des collis embarassants pour l‘international.  
Tout compte fait, quelle que soit la solution, il faudra l'aval de l'international pour tout changement de pouvoir en Haïti aujourd'hui, le peuple étant depuis quelques temps relégué au rôle de simple observateur.

Ariel Henry dispose-t-il encore de leviers ? 

Il a plusieurs choix : démissionner comme le réclame l'opposition, accepter finalement un gouvernement bicéphale ou dans le pire des cas signer un nouvel accord avec des amis et alliés. Et dans le dernier cas, le pays connaîtra encore des moments de turbulences. 


Aristide n'avait jamais pensé qu'il allait quitter le pays en catastrophe. Préval n’avais jamais imaginé que Edmond Mulet, représentant de l'ONU en Haïti allait lui proposer un avion pour s'exiler. Martelly placé au pouvoir par les USA a été lâché au dernier moment et Jovenel Moïse a été assassiné, près de 7 mois avant de quitter le Palais national aux yeux du monde entier. 

 

En définitive, personne n'est maitre du temps politique.

N'importe quelle  « providence » peut favoriser votre accession au pouvoir mais votre sortie, c'est à vous de la préparer.

 

 

Par: Gazette Haiti News 

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