PubGazetteHaiti202005

Des étudiants boursiers haïtiens victimes de la crise sécuritaire

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Des boursiers haïtiens viennent de faire les frais de cette conjoncture délétère au point que beaucoup d’Haïtiens pensent que l’éducation est de plus en plus prise en otage et espèrent que la nouvelle équipe, peu importe d’où elle vient, aura pour devoir de tout faire pour améliorer les choses, à commencer par valoriser la formation universitaire...

 
Vingt-neuf étudiants boursiers de l’Université de Cassino (Unicas) sont actuellement bloqués à Port-au-Prince. Ils devaient se rendre à Rome pour leurs études universitaires, comme convenu dans l’accord de coopération signé entre le gouvernement haïtien et les autorités académiques italiennes. Leur départ de Port-au-Prince, initialement prévu  pour le 11 mars dernier est reporté sine die. La raison : l’insécurité qui sévit à Port-au-Prince et qui prend des proportions de plus en plus alarmantes.
 
En effet, une semaine avant leur départ, des bandits lourdement armés avaient attaqué l’aéroport Toussaint Louverture, causant d’importants dégâts matériels. Les malfrats ont ouvert le feu sur les avions se trouvant sur l’aérodrome. Des personnes ont même été blessées.
 
Suite à cette ignoble attaque terroriste, les autorités ont dû fermer l’aéroport international – la seule existant dans la capitale – et en conséquence, tous les vols ont été annulés. « Jusqu’à présent Mme Rose Stéphanie Boisrond, agente de liaison avec l’université italienne,  n’a pu obtenir une nouvelle date de départ de la part de la compagnie aérienne. », déplore le représentant haïtien à Rome, Me Emmanuel Charles, à l’origine de l’octroi des bourses. « Le rôle de Madame Boisrond était de se rendre en Haïti pour rencontrer les étudiants et les accompagner jusqu’à Rome », confie-t-il. Elle aussi s’était retrouvée bloquée mais à Miami. Après deux semaines passées aux États-Unis à attendre une possibilité d’entrer en Haïti, elle a dû retourner en Italie, ce d’autant plus ce séjour contraint aux États-Unis devait être financé par l’ambassade déjà confrontée à des difficultés liées aux frais de fonctionnement réduits à la portion congrue.
 
Le pire, les parents des étudiants ont fait le sacrifice de payer leurs billets d’avion. Une grande perte pour ces familles quand on connaît les conditions difficiles dans lesquelles vivent ces compatriotes. Ces jeunes ont exprimé leur profonde frustration à Me Emmanuel Charles, tout en le félicitant pour ses efforts.
 
C’est en effet grâce à lui que ces étudiants ont trouvé cette opportunité. Il a redynamisé la coopération culturelle et universitaire depuis son l’arrivée à l’ambassade. « Sous les instructions des autorités du MAE, il travaille d’arrache-pied pour soigner ses contacts avec les universités italiennes. Depuis des années, il cherche sans répit des bourses pour ces jeunes, si avides de savoir. Cela a marché jusqu’à présent », nous confie un de ses collègues. L’intéressé veut continuer sur cette même lancée.
 
Charles a remonté le moral des étudiants en les informant des résultats des démarches qu’il a entreprises, avec Mme Boisrond. Après s’être entretenu avec l’UNICAS qui assure la formation et Lazio Disco qui finance l’hébergement et autres commodités des boursiers, il a en effet pu obtenir le report de la formation pour l’année académique qui commence en septembre prochain. C’est déjà cela de gagné. Il ne reste qu’à finaliser le processus auprès des autorités italiennes.
 
M. Charles et Mme Boisrond vont ensuite chercher à convaincre Air Caraïbes de « garder les billets pour le mois d’août prochain sans frais additionnels ». Les étudiants croisent leurs doigts pour que cette démarche aboutisse.
 
Me Charles s’est aussi entretenu avec l’Ambassade d’Italie en République Dominicaine à propos des nouveaux visas dont les étudiants vont devoir faire la demande, histoire de s’assurer de leur émission. Avant août, les dossiers devraient y être acheminés pour les suites nécessaires.
 
Toutes ces démarches sont louables mais impossibles à réaliser sans une nouvelle demande du gouvernement haïtien auprès des autorités italiennes. « Cela devrait se faire, au plus vite pour sauver ce qui peut être sauvé pour ces jeunes qui ont déjà réussi les examens organisés au local du consulat honoraire d’Italie sur la surveillance de la Commission des professeurs envoyée en Haïti par l’UNICAS », souhaite Emmanuel Charles.
 
Devant cette catastrophe, espérons que les responsables de l’Etat  auront à cœur d’accorder de l’importance à l’éducation, un domaine vital pour le relèvement du pays. Déjà en s’occupant de cet important dossier.

 

 


Par Gazette Haïti News 

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