« La majorité au sein du Conseil Présidentiel dirigée par Claude Joseph et Jean Charles Moïse a fait son premier faux pas. Le choix de désigner Fritz Bélizaire comme premier ministre en dehors des règles établies à travers l’Accord du 3 avril 2024 constitue un mauvais signal et peut coûter cher au conseil présidentiel de transition. Cette manière de faire ne ressemble à rien d’autre qu’un coup fourré, alors que l’essence même de cet organe de transition repose sur le consensus. En toute circonstance, il faut toujours garder la mesure. Cet accord dans l'accord paraphé par les 4 secteurs faisant partie du Conseil Présidentiel n'était pas nécéssaire. Le « Bloc majoritaire indissoluble » a besoin, de manière urgente, de revenir sur cette décision avant qu’il ne soit tard. », tel a été l’extrait d’un projet d’éditorial publié tôt mercredi par Gazette Haïti pour faire entendre raison à ces acteurs.
Dans un communiqué rendu public dans la soirée du 1 mai 2024, le « Bloc majoritaire indissoluble » s’est heureusement ressaisi et a compris la nécessité de revenir sur la bonne voie: celle du respect de l’Accord du 3 avril 2024, en « (encourageant) les acteurs à ne pas privilégier les intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général ». Les parties prenantes signataires affirment qu’ « elles continueront de prioriser la tolérance, le consensus et le respect des règles démocratiques pour garantir une transition apaisée et un retour irréversible à l’ordre constitutionnel rompu depuis l’assassinat du Président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021.»
S’il était nécessaire d’appeler à la correction rapide de ce mauvais calcul dans l’intérêt supérieur de la nation, il est tout aussi important de saluer ce geste de sagesse de la part de ces acteurs. Car généralement la reconnaissance des erreurs commises n’est pas dans la culture des hommes et femmes politiques haïtiens, quitte à aller droit dans le mur. Du pouvoir Lavalas à celui du PHTK jusqu’à l’administration du Dr Ariel Henry et ses alliés récemment, les exemples sont multiples devant nous.
Il est urgent que les autres protagonistes du conseil présidentiel parviennent à transcender pour faire face aux énormes défis qui les attendent. Nous parlons ici des 5 chantiers qu’ils se sont fixés lors de leur installation le 25 avril 2024 ( lien de l’article de Gazette à ce sujet https://www.gazettehaiti.com/node/10991?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR3NHo9bZECKl_-BVfjf8iS3Gzkge_kDtwMZedHF9DB-IoBgYMM7dtDj7Gs_aem_ARuBRCgrjz0T-xHxJg1l2BF0c3lR1_B922kAZdT-VgI7iD5PPbmMkJRNtKAxcTEFaUFq9LX1qXJ0bnCW5IXu8NJH ) . Un jour de retard dans la mise en application de leur feuille de route est un jour de trop, vu l’ampleur du chaos dans lequel se trouve actuellement Haïti. La question de la sécurité, particulièrement, doit être abordée dans les plus brefs délais pour résoudre le problème des gangs armés et permettre du même coup au pays de reprendre son cours normal, aux déplacés de regagner leur domicile, à la population de vaquer librement à ses occupations quotidiennes, aux élèves de reprendre le chemin de l’école, au secteur économique de fonctionner, etc.
La soudaine proposition du Montana pour une présidence tournante suite à la désignation de Edgard Leblanc Fils comme président du conseil de transition est très mal venue. Avoir 3 présidents durant les 21 mois de la transition, à savoir Edgard Leblanc, Lesly Voltaire et Fritz Jean paraît une démarche immature et contre-productive, d’autant plus qu’elle est contraire aux prescrits de l'accord du 3 avril 2024 signé entre les secteurs composant ledit conseil, dont Montana exige le respect. Tous les acteurs ont pour pour obligation de suivre cette voie qu’ils ont eux-mêmes tracée. Ces secteurs issus d’horizons divers et d’idéologies différentes ont besoin de préserver l’image positive envoyée à la population en signant l’Accord du 3 avril pour la mise en place du conseil présidentiel.
L’élégance politique recommande que la minorité accepte et salue la victoire de la majorité, laquelle doit faire preuve de sagesse et de modestie vis à vis de ses pairs en vue de la réussite de la transition.
Le conseil présidentiel doit assumer ses responsabilités historiques devant la nation en se montrant à la hauteur des enjeux.
Par Gazette Haïti News
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