PubGazetteHaiti202005

Drame à Village de Dieu: 2 ans après, les gangs sont devenus plus puissants que jamais, selon le RNDDH

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Dans une entrevue à la rédaction de Gazette Haïti News ce lundi 13 mars 2023, le Directeur Exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains Pierre Espérance a dépeint un tableau sombre de la situation sécuritaire du pays après l’assassinat des 5 policiers SWAT à Village de Dieu mars 2021 dernier. Le militant de droits humains estime que tout le pays est pris au piège des gangs qui sont devenus plus puissants.


L’horreur était à son comble. Ce fameux 12 mars 2021, une opération visant à déloger le gang Izo 5 segond opérant à Village à Dieu a tourné au drame. Bilan: cinq policiers tués et un autre porté disparu. Ariel Poulard, Désilus Wislet, Eugène Stanley, Georges Renois Vivender, Lucdor Pierre ont connu leur toute dernière opération policière. Leurs cadavres ont été souillés, profanées et présentés par les bandits armés comme un trophée. Ils n’ont même pas pu recevoir les honneurs de la patrie, leur dépouille ayant été abandonnée dans le bidonville. 

Deux ans après, aucune leçon n’a été tirée. La situation s’envenime. « La police est devenue plus faible. Les gangs deviennent plus puissants que jamais. Ils occupent plus d’espace », constate Pierre Espérance, répondant à nos questions au bout du fil.

Dans la victoire remportée par les gangs sur la PNH, les bandits armés s’étaient emparés d’un véhicule blindé de la PNH. Faisant fi des cadavres des policiers, Léon Charles, Directeur général de la Police Nationale d’Haïti d’alors, selon Espérance, a préféré négocier le blindé au détriment des corps des policiers qui jonchaient encore le sol de Village de Dieu.

Deux ans après, la Police Nationale d’Haïti n’a toujours pas remis un rapport pour expliquer les dessous de l’opération ayant soldé par la mort des 5 policiers SWAT. L’inspecteur Carl Henry Boucher responsable des services généraux en charge de l’opération a été mis en isolement à la suite de cet échec cuisant puis libéré quelques temps après.

Ce drame à Village de Dieu a donné droit à d’autres  assassinats de plusieurs policiers dont le terrible ceux de Liancourt. Les leçons n’ont pas été tirées. 


Selon le Réseau National de Défense des Droits Humains dans des rapports, plusieurs dizaines de policiers ont succombé sous les balles assassines des bandits armés. 78 ont été tués entre juillet 2022 à janvier 2023, selon ledit rapport. 

Incapable de solutionner le problème, le gouvernement haïtien visiblement dépassé a publié la semaine un communiqué de presse demandant à la population de se défendre elle-même en cas d’intrusion de gangs armés dans leur demeure. Le ministère de la Justice et de la Sécurité publique a rappelé à la population haïtienne que la défense est un droit sacré dans cette note inédite en date du 6 mars dernier.

« Dans le cas où un individu armé pénètre chez vous avec violence, la loi vous autorise à vous défendre selon les prescrits des articles 272 jusqu’à 274 du code pénal haïtien », a écrit le ministère dans la note dont une copie a été acheminée au journal.

 « Il n'y a ni crime, ni délit, lorsque l'homicide, les blessures et les coups étaient ordonnés par la loi et commandés par l'autorité légitime », précise l’article 272 du code pénal. Alors que « sont compris dans les cas de nécessité actuelle de défense, les deux cas suivants : 1) Si l'homicide a été commis, si les blessures ont été faites, ou si les coups ont été portés en repoussant pendant la nuit, l'escalade, ou l'effraction des clôtures, murs ou entrée d'une maison ou d'un appartement habités, ou de leurs dépendances ; 2) Si le fait a eu lieu en se défendant contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence », prévoit l’article 274.

 

 

 

Par: Daniel Zéphyr

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