L'Association Militaire d'Haïti (AMIDH) a officiellement demandé, dans une lettre adressée au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), l’expulsion de l'ambassadeur des États-Unis, Dennis Bruce Hankins, accusé d' « ingérence » dans les affaires internes du pays. Dans cette correspondance, l'AMIDH cite « des violations de la souveraineté nationale et des liens présumés de l'ambassadeur avec des acteurs criminels ».
L’AMIDH accuse l’ambassadeur Hankins de s'ingérer dans les affaires internes d’Haïti, « en violation des dispositions de la Convention de Vienne de 1961, qui régit les relations diplomatiques entre les États ». L’association dénonce une « immixtion grossière,insultante et provocatrice » de la part du diplomate, par des déclarations publiques.
La lettre fait état des « violations spécifiques des articles 41 et 9 de la Convention de Vienne, qui exigent le respect de la souveraineté de l’État hôte et limitent les activités diplomatiques ».
« Intelligence, rencontres, consultations au sein de son ambassade et partage d’informations de l’Ambassadeur Dennis B. Hankins avec des criminels recherchés par la Police nationale d’Haïti, infractions prévues par le Code pénal haïtien », accuse-t-elle dans la correspondance dont nous avons copie.
Pour appuyer sa demande, l'AMIDH cite plusieurs événements récents, notamment « la présence non autorisée de l’ambassadeur au Ministère de la Défense haïtienne le 1er juillet 2024, ainsi que des déclarations faites sur Radio Métropole le 26 juillet », où il aurait prédit des actions judiciaires contre des membres du CPT. La note mentionne également des pressions présumées exercées sur l'ULCC pour la publication d'un rapport impliquant trois conseillers du CPT.
« À l'aveu déclaratif et personnel de l'Ambassadeur américain Dennis Bruce Hankins, confirmant ses relations avec les gangs lors de l'émission "Le Point" de Radio Télé Métropole, le 24 octobre 2024, suivi de la publication d'une photo d'une rencontre entre l'Ambassadeur et le chef de gang Barbecue de Viv Ansanm, le 26 octobre 2024 », a souligné la note comme référence pour le CPT. L'association, qui considère cela comme une preuve factuelle de l'infraction prévue, brandit les dispositions des articles 45, 206, 225, 227 et suivants du Code pénal haïtien.
Dans un message sur X, l’ambassade des États-Unis en Haïti , faut-il le rappeler, avait dénoncé la publication de cette photo sur les réseaux sociaux. « L’ambassadeur Hankins n’a jamais rencontré Jimmy Cherisier ni aucun membre de gang haïtien », avait démenti la mission diplomatique américaine.
Au-delà des actions de l'ambassadeur, l'AMIDH dénonce l'influence croissante des lobbys internationaux et accuse certains responsables étrangers de contribuer à la déstabilisation d'Haïti. Le document évoque notamment l’ancienne cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), Helen Meagher La Lime, qu'il accuse de soutenir la fédération des gangs, aggravant l’insécurité. L’AMIDH mentionne également le "programme Biden" qui, selon elle, affaiblit la capacité de réaction d’Haïti depuis 2022, en incitant à la fuite de ressources humaines qualifiées.
Pour l'instant, le Conseil Présidentiel de Transition n'a pas encore réagi à cette lettre reçue le 6 novembre où il lui est demandé de déclarer "Persona Non Grata " l’ambassadeur américain en Haïti avec un délai de 72 heures pour laisser le territoire haïtien.
Par Wideberlin Senexant
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