
Un conseil de sécurité de l’ONU a été réalisé sur la situation en Haïti ce mercredi 22 janvier 2025 où le chancelier haïtien et la cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies ont pris la parole. Un tableau sombre de la situation a été décrit, Haïti a appelé à une mission de maintien de la paix.
La cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti Maria Isabel Salvador a décrit les flambées de violence, les meurtres de masse perpétrés par les gangs armés tout en dénombrant les victimes. Mme Salvador s’est réjouie du déploiement de 217 membres de forces de police kenyans supplémentaire ainsi que 150 Guatémaltèques et 8 Salvadoriens.
Elle remarque une meilleure synchronisation des actions entre la MMSS et les forces de l’ordre. Elle prend acte de la nomination récente d’un secrétaire d’État à la sécurité publique en l’occurrence Mario Andresol. Elle y voit la preuve de la détermination de l’État à gérer les problèmes de sécurité.
Dans son intervention, la Directrice exécutive de l’ONUDC Ghada Fathi Wally a expliqué que les gangs se partagent environ 85% de Port-au-Prince et leur emprise sur le pays est facilitée par le trafic illicite d’armes, de drogues et autres, ainsi que par la corruption et le blanchiment d’argent.
Elle explique qu’ « au cours des dernières décennies, Haïti est devenue une plaque tournante du trafic de drogue, et les preuves suggèrent qu’un petit groupe d’individus conserve une influence considérable sur ce commerce depuis les années 80 ».
Les États-Unis qui intervenaient au conseil de sécurité de l’ONU a recommandé au Conseil présidentiel de transition d’Haïti de privilégier la gouvernance plutôt que de répondre aux intérêts politiques concurrents. Ils appellent à la mise en place de conditions propices pour la réalisation des prochaines joutes électorales. Les États-Unis recommandent aussi que lumière soit faite sur les allégations de corruption.
De son côté, la délégation française a détaillé l’aide apportée à la MMSS. Elle a plaidé en faveur d’un plus grand engagement des Nations Unies. « Nous sommes convaincus que les Nations Unies peuvent apporter une expertise stratégique et opérationnelle, ainsi qu’un soutien logistique essentiel », a indiqué la délégation française qui demande aussi qu’une réponse soit donnée à la demande d’Haïti pour une transition de la Mission multinationale vers une opération de maintien de la paix dès que possible.
A ce conseil de sécurité, c’est le ministre des affaires étrangères et des cultes Jean Harvel Jean Baptiste qui a pris la parole au nom d’Haïti. Il indique que la lutte héroïque contre la criminalité organisée a été rendue possible grâce au soutien des Forces armées d’Haïti (FAD’H) et de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS).
Selon le chancelier haïtien, les forces de l’ordre sont « en train de reprendre graduellement le contrôle de certaines localités clés».
Toutefois, le chef de la diplomatie haïtienne rappelle que la MMAS reste gravement sous-financée et sous-équipée. Il évoque le manque de support aérien pour la MMSS et des équipements qu’elle comporte qui ne sont pas adaptés à la réalité.
Ces problèmes hypothèquent la capacité opérationnelle de la Mission à répondre efficacement à l'intensité des défis sécuritaires, selon le chancelier. Il dit attendre du Conseil de sécurité la « transformation de la MMAS en une mission de maintien de la paix des Nations Unies, dotée d’un mandat clair, de ressources adéquates et d’une expertise renforcée ».
« Cette transformation n’est pas seulement une nécessité logistique, mais une exigence stratégique pour répondre aux menaces multiples qui pèsent sur notre pays », dit-il.
Intervenant à l’occasion, le chancelier dominicain Roberto Alvarez a souligné que « les crises humanitaire et institutionnelle ainsi que la violence ont valu à Haïti d’être classée à la dixième place des conflits qui doivent retenir l’attention du monde en 2025, selon “International Crisis Group”, l’"International Rescue Committee” et le “Council on Foreign Relations” ».
« La responsabilité du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales doit l’obliger à assumer son rôle de pacificateur partout où il faut et au plus vite », a-t-il déclaré.
De son côté, la Fédération de Russie a appelé les donateurs à fournir ce qu’ils ont promis aux fins du déploiement complet de la MMAS. « C’est seulement après avoir pleinement atteint le potentiel de la Mission multinationale qu’il sera possible d’évoquer toute adaptation de la présence internationale en Haïti », a argué la Russie lors de ce conseil de sécurité.
Dans la même veine, la Chine a dénoncé l’ingérence des États-Unis en Haïti. Elle estime que les USA ont une responsabilité dans le sort actuel du pays et de son peuple. « Les États-Unis ont été à l’initiative de la création de la MMAS, ils sont donc responsables au premier chef des obligations financières découlant de son mandat » , indique la Chine.
Alors qu’Haïti était au cœur du conseil de sécurité de l’ONU, le Président du Conseil Présidentiel de Transition Leslie Voltaire attendait le président de la Colombie Gustavo Petro. Après plusieurs heures de retard, M. Petro est arrivé à Jacmel. Les deux nations devraient signer des accords importants, à l’issue d’un conseil des ministres binational, selon les informations.
Par: Daniel Zéphyr
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