PubGazetteHaiti202005

Gustavo Petro demande « pardon » pour la mort de Jovenel Moïse et fait l’apologie de la révolution haïtienne

@Patrice Noel

Lors de sa visite en Haïti le 22 janvier 2025, le Président colombien Gustavo Petro a prononcé, en présence du président du conseil présidentiel Leslie Voltaire, un discours mémorable à Jacmel, lieu emblématique de la solidarité révolutionnaire entre les deux nations. Dans cette allocution, Petro a non seulement exprimé sa reconnaissance pour l’impact universel de la révolution haïtienne, mais a également présenté des excuses publiques pour l’assassinat du président Jovenel Moïse.

 

Face à un parterre d’autorités haïtiennes et colombiennes, Petro a rendu un hommage à la révolution haïtienne, qu’il a qualifiée de « l’une des plus grandes et des plus profondes au monde ». Il a rappelé que cette révolution, menée par des esclaves noirs ayant brisé leurs chaînes, a servi d’inspiration aux mouvements de libération en Amérique latine, notamment celui de Simón Bolívar.

 

« Nous nous trouvons exactement là où Francisco Miranda et Simón Bolívar, pleins de rêves et peut-être de peurs, sont partis. Ils ont cherché du soutien, l’ont trouvé, puis sont partis à la conquête de la liberté », a-t-il déclaré. Petro a également souligné que l’histoire tend à effacer cette révolution majeure, en privilégiant les révolutions menées par des Européens, comme celles de Paris ou de Moscou.

 

Il a insisté sur l’impact mondial de cette révolte : « Ce cri, porté par ceux qui étaient enchaînés, a résonné jusqu’à la Colombie, au Venezuela, en Équateur et au Panama. »

 

Gustavo Petro remercie Haïti d’avoir aidé « mon Amérique, ma Colombie, à atteindre la liberté ». « Vous nous avez même offert notre drapeau. Certains disent qu’il reflète les tons de la peau et des yeux d’une femme blonde. Peut-être est-ce une blague », a-t-il dit.

 

Le Président de la Colombie précise que le drapeau de la Colombie « a été fabriqué par des mains noires, pas par des mains blanches ». « Ce drapeau a été conçu ici, inspiré par la révolution haïtienne. Sa couleur bleue et rouge ne représente pas seulement le ciel ou le sang versé pour la liberté. Ces couleurs symbolisent aussi votre drapeau et votre révolution », a déclaré Gustavo Petro.

 

« Mais aujourd’hui, Haïti a été oublié », regrette Gustavo Petro.

 

Le Président de la République colombienne a évoqué l’indemnité imposée par la France à Haïti après son indépendance, qu’il a qualifiée de « crime historique ». Il a rappelé que cette exigence d’indemnisation, selon laquelle un être humain pouvait être considéré comme une propriété privée, a marqué une profonde trahison des idéaux de liberté incarnés par Toussaint Louverture et Alexandre Pétion.

 

 

« Les esclavagistes français ont même demandé des indemnités, comme si un être humain pouvait être une propriété privée », a-t-il martelé. Il a également souligné que cette logique oppressive a perduré ailleurs, y compris en Colombie, où des esclavagistes réclamaient des compensations pour la perte de leurs esclaves.

 

Des excuses pour l’assassinat de Jovenel Moïse

 

Gustavo Petro a présenté ses excuses pour l’implication de Colombiens dans l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021. « À vous, peuple haïtien, je demande pardon pour les Colombiens qui ont tué votre président. Ils ne représentent pas le peuple colombien », a-t-il déclaré, se distanciant fermement des auteurs de cet acte odieux.

 

Au-delà des excuses et des hommages, Gustavo Petro a lancé un vibrant appel à l’unité des nations latino-américaines et caribéennes face aux défis communs. Il a exhorté les peuples de la région à s’entraider et à rejeter les divisions imposées par les centres de pouvoir mondiaux.

 

« Ceux qui nous rejettent finiront seuls, appauvris, en déclin. Nous devons nous aider mutuellement », a-t-il déclaré.

 

Lors de sa visite en Haïti, Gustavo Petro a pu signer des accords importants avec Haïti à l’issue d’un conseil des ministres binational réalisé à Jacmel.

Par: Daniel Zéphyr

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