PubGazetteHaiti202005

Des parties prenantes invitées par la CARICOM à discuter autour de la « problématique du CPT », selon André Michel

Michel André, membre Accord 21 Déc

Des secteurs ayant contribué à l’instauration du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ont été conviés par la CARICOM à des discussions sur la crise politique haïtienne et les défis liés au fonctionnement de cette instance. L’annonce a été faite par André Michel, un des leaders de l’accord du 21 décembre, lors de son intervention dans l’émission « Le Rendez-Vous » animée par Volcy Assad ce mercredi 5 février 2025.


Ces échanges s’inscrivent dans la continuité des discussions entre la CARICOM et les parties prenantes, avec pour principal enjeu la « problématique » du CPT. Selon André Michel, cette rencontre portera sur des « propositions et suggestions relatives à la problématique du Conseil Présidentiel de Transition ». Il exprime son optimisme quant à la participation des différents acteurs, affirmant que « tout le monde reconnaît qu’il y a un problème ».


Élections en 2025 : un défi insurmontable ?



Le responsable politique estime que le CPT est incapable de mener à bien l’une de ses missions essentielles : l’organisation des élections prévues cette année afin de restaurer l’ordre démocratique par l’élection d’un président et d’autres représentants du peuple. « Aucune élection ne peut être organisée cette année », tranche André Michel, contrairement aux déclarations du président du conseil Leslie Voltaire.

Lors de sa visite officielle à Paris le 29 janvier 2025, le président du Conseil Présidentiel avait réaffirmé la volonté de son administration d’organiser les premières élections générales depuis 2016 avant la fin de l’année. Il avait alors déclaré : « Nous espérons tenir un premier tour autour du 15 novembre et un second début janvier 2026, afin qu’un gouvernement élu prenne fonction le 7 février ». Cette déclaration a toutefois suscité de nombreuses critiques, nombre d’observateurs estimant qu’un tel calendrier est irréaliste, d’autant plus que le référendum constitutionnel doit précéder les scrutins électoraux.


« Quiconque prétend organiser des élections en 2025 ne le fera que pour viv ansanm », a fustigé André Michel, dénonçant ainsi les velléités du représentant de Fanmi Lavalas au sein du CPT. Selon lui, le Conseil Présidentiel de Transition fait face à un échec total. Pour étayer son propos, il souligne que plus de 5 600 homicides ont été recensés, en 2024 dont la majorité sous l’actuelle administration. Il évoque également le déplacement forcé d’un million de personnes au cours de l’année 2024.


André Michel insiste sur le fait qu’il n’est pas seul à partager cette analyse de la crise et de l’impasse politique actuelle. « Des parties prenantes ayant contribué à la mise en place du CPT, bien que divisées sur certains points, admettent qu’il existe un problème fondamental », soutient-il. Il cite notamment les prises de position de Pacha Vorbe de Fanmi Lavalas, du groupe 30 janvier, du secteur privé ainsi que du collectif Montana.


C’est dans cette optique qu’il affirme avoir, en concertation avec d’autres secteurs, soumis trois propositions visant à résoudre cette impasse. La première consiste à recomposer le CPT en y intégrant trois membres issus respectivement de la Cour de cassation, des organisations de la société civile et du secteur politique. La seconde vise à écarter les conseillers impliqués dans le scandale financier de la BNC, tout en laissant aux parties prenantes le soin de désigner de nouveaux représentants. Enfin, la troisième propose une restructuration du CPT par consensus.


« D’autres propositions émergeront probablement », anticipe André Michel, exprimant l’espoir que ces discussions aboutissent à une reconfiguration du CPT plus conforme aux aspirations du pays.


Cependant, alors qu’André Michel et ses alliés plaident pour une reconfiguration du CPT, un scandale est venu entacher leur initiative. Un document transmis à la CARICOM mentionnait le nom de « Viv Ansanm » sans qualificatif explicite d’organisation criminelle, déclenchant une vague d’indignation. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer une possible collusion avec des bandits armés, mettant en péril la crédibilité des acteurs signataires. Le président du CPT Leslie Voltaire avait dénoncé une alliance inapcceptable entre ces partis avec les gangs et avait même appelé à mettre l'action publique en mouvement contre leurs leaders.



Face à cette polémique, André Michel a tenu à se défendre : « Nous, signataires de l’accord du 21 décembre, avons toujours adopté une position ferme contre les gangs. Sous le gouvernement d’Ariel Henry, nous avons refusé toute alliance avec ces groupes criminels, raison pour laquelle nous avons sollicité une Mission Multinationale en Haïti. Ce sont les gangs et d’autres individus qui ont orchestré des attaques contre les prisons et d’autres institutions, semant ainsi le chaos dans le pays pour évincer Ariel Henry »

Reconnaissant toutefois l’omission, il nuance : « Il est vrai qu’un document envoyé à la CARICOM mentionne Viv Ansanm sans qualification. Il s’agit d’une omission », affirme-t-il, soulignant que des correspondances ultérieures ont été adressées pour inscrire cette coalition criminelle sur la liste des organisations terroristes.

Pendant ce temps, l’insécurité demeure une menace persistante et l’organisation d’élections semble de plus en plus compromise.





Par: Daniel Zephyr

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