PubGazetteHaiti202005

Journée nationale du Mouvement des Femmes : MCFDF célèbre les pionnières du 3 avril 1986

@Arnold Junior Pierre

Avec six jours de retard, mais sans rien perdre de son intensité, le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) a commémoré, ce mercredi 9 avril 2025, la Journée nationale du Mouvement des Femmes Haïtiennes. Une cérémonie marquée par l’émotion, le souvenir, mais surtout par un appel renouvelé à l’engagement pour les droits des femmes, sous le thème évocateur : « Femmes haïtiennes, aujourd’hui encore, marquez notre histoire ! »


Le 3 avril 1986, à peine quelques semaines après la chute de Jean-Claude Duvalier, des milliers de femmes descendaient dans les rues de Port-au-Prince. Elles brisaient un silence de plomb pour réclamer la reconnaissance de leurs droits fondamentaux. « Cette date marque la naissance d’un véritable mouvement social féministe, qui a permis d’importantes avancées », a rappelé la ministre Pedrica Saint-Jean.

Parmi ces acquis : la création du ministère lui-même, le décret de 2005 reconnaissant le viol comme un crime, ou encore l’article 17.1 de la Constitution amendée, qui garantit un quota d’au moins 30 % de femmes dans les espaces de décision. « Mais nous devons rester lucides. Les progrès sont réels, mais les obstacles demeurent nombreux », a ajouté la première cheffe de MCFDF. 


Les discours prononcés lors de la cérémonie ont souligné l’importance du combat des femmes haïtiennes, qui se poursuit aujourd’hui dans un contexte encore marqué par les inégalités, l’insécurité et l’injustice. « Ces femmes ne demandent pas la charité, elles demandent justice », a insisté María Isabel Salvador, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti. « Elles veulent pouvoir vivre en sécurité, être entendues, et participer pleinement à la vie politique de leur pays. »

Présent à la cérémonie, le conseiller présidentiel Louis Gérald Gilles a exprimé la volonté du gouvernement de transition d’avancer dans ce sens. « Les femmes haïtiennes sont les piliers de notre société. Nous devons leur garantir une protection réelle et une place équitable dans les décisions nationales », a-t-il déclaré.


Cette journée de commémoration survient dans un contexte particulièrement difficile. La montée de la violence, l’effondrement des institutions et l’impunité généralisée mettent à mal les acquis féminins. Les femmes continuent d’être les premières victimes de l’insécurité, du chômage, des déplacements forcés et des violences basées sur le genre.


En parraelle, les experts de l’ONU ont récemment tiré la sonnette d’alarme sur l'utilisation de la violence sexuelle par les gangs comme arme de guerre. « Les femmes et les filles déplacées vivent dans des conditions précaires, sans protection ni accès aux soins », ont-ils dénoncé. Ils appellent à un retour à un État de droit où les droits des femmes soient respectés, défendus, et promus.


Malgré tout, l’espoir demeure. À travers le pays, des femmes, des jeunes filles, des organisations militantes refusent d’abandonner. « La lutte n’est pas finie », a affirmé María Isabel Salvador. « Elle ne cessera que lorsque l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes seront une réalité concrète pour chaque citoyenne. »

Le 3 avril n’est pas qu’une page d’histoire. C’est un appel à l’action. Un rappel que les victoires d’hier doivent nourrir les luttes d’aujourd’hui, pour que les femmes haïtiennes puissent vivre dans une société plus juste, plus humaine, et véritablement égalitaire.

Arnold Junior Pierre

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