PubGazetteHaiti202005

Crise humanitaire à la frontière : plus de 20 000 Haïtiens expulsés en avril, un record selon l’OIM

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Dans une publication mise en ligne ce 30 avril sur son site officiel, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) alerte sur une aggravation de la crise humanitaire à Belladère et Ouanaminthe, où plus de 20 000 Haïtiens expulsés ont été recensés en avril, un record depuis le début de l’année.

Ce nombre record de 20 000 Haïtiens, souvent en situation de grande vulnérabilité, ont été expulsés par voie terrestre au cours du mois d’avril, principalement via les postes-frontières de Belladère et Ouanaminthe. Il s’agit du chiffre mensuel le plus élevé enregistré cette année, dans un contexte de crise multiforme qui s’intensifie en Haïti.

« La situation en Haïti devient de plus en plus critique. Chaque jour, les expulsions et la violence des gangs aggravent une situation déjà fragile », alerte Amy Pope, directrice générale de l’OIM. Si le soutien international a permis un renforcement de la chaîne d’approvisionnement humanitaire, l’organisation insiste sur la nécessité d’une action bien plus soutenue.

Depuis le 22 avril, l’OIM, en collaboration avec l’Office national des migrations (ONM) et d’autres partenaires, fournit une assistance quotidienne à un nombre croissant de femmes enceintes et de mères allaitantes : en moyenne 30 par jour sur les deux sites frontaliers. En tout, 3 500 personnes expulsées ont déjà reçu une aide humanitaire directe.

Parallèlement à ces expulsions massives, le département du Centre fait face à une grave crise de déplacements internes, déclenchée par les attaques perpétrées par les groupes armés contre  Mirebalais et Saut d’Eau. Plus de 51 000 personnes ont fui leur domicile, dont plus de 12 500 se sont installées dans 95 sites de fortune. À Belladère, ville déjà submergée par les arrivées d’expulsés, plus de 4 000 déplacés internes viennent aggraver la pression humanitaire.

Le blocus exercé par les gangs à Mirebalais a coupé Belladère de la capitale, rendant l’acheminement de l’aide encore plus complexe. « Fournir de l’aide devient de plus en plus difficile, car les acteurs humanitaires se retrouvent coincés aux côtés des personnes qu’ils tentent d’aider », explique Grégoire Goodstein, chef de mission de l’OIM en Haïti.

Pour faire face à cette crise, l’OIM déploie des ressources supplémentaires : distribution d’eau potable, kits d’hygiène pour les femmes et les enfants, soins médicaux d’urgence, soutien psychosocial et abris temporaires, y compris des hébergements hôteliers pour les mères allaitantes. L’organisation travaille également en étroite collaboration avec les autorités haïtiennes pour assurer la vaccination et les soins des nouveau-nés.

Alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader, l’OIM appelle à une mobilisation urgente de la communauté internationale pour prévenir une catastrophe humanitaire à plus grande échelle.

En République dominicaine, l’étau se resserre contre les Haïtiens. Parmi les 15 nouvelles mesures prises récemment par le gouvernement dominicain, figure celle qui restreint l’accès aux soins hospitaliers pour les migrants sans papiers. Désormais, une preuve de résidence légale est exigée. À défaut, seuls les soins d’urgence sont autorisés, suivis d’une expulsion immédiate.

Cette mesure a été dénoncée par Amnesty International comme discriminatoire et violant les droits humains. Une accusation que la République dominicaine a vivement rejetée.

Par ailleurs, le président Luis Abinader a récemment remis du matériel à la Direction générale de l’immigration, dont plusieurs bus destinés au transport des migrants haïtiens expulsés.

La crise s’aggrave en Haïti. Entre violences armées et mauvaise gouvernance, les Haïtiens cherchent désespérément une porte de sortie en territoires étrangers. Aux États-Unis comme en République dominicaine, les migrants haïtiens font face à des conditions difficiles. Vendredi dernier, une femme de 44 ans est décédée dans un centre de détention en Floride, victime de douleurs thoraciques. Et des femmes enceintes prêtes à accoucher sont expulsées depuis la République dominicaine. Pendant ce temps, la diplomatie haïtienne reste lente à réagir, malgré une récente rencontre entre le ministre des Affaires étrangères Jean Harvel Victor Jean-Baptiste et l’ambassadeur de la République dominicaine en Haïti sur la question du traitement des migrants haïtiens.

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