
Le président du PHTK Liné Balthazar, membre du Collectif des partis du 30 janvier, a tenu des propos polémiques à la Radio Magik 9 vendredi 10 janvier 2024 quant il a évoqué la possibilité pour le groupe criminel « Viv Ansanm » de faire partie de la solution pour une reconfiguration du conseil présidentiel de transition ( CPT). Dans le document, il est clairement mentionné « Viv ansanm » comme un des adhérents à la proposition.
C’est une position qui fait grand scandale en Haïti. Le groupe criminel « Viv Ansanm » occupe les débats après une entrevue fracassante de Liné Balthazar, responsable du parti PHTK. Lors de cette entrevue, l’homme politique a confirmé que « Viv ansanm » a adhéré à la proposition préconisant une reconfiguration du Conseil Présidentiel de Transition. Certains se demandent comment un groupe criminel peut se trouver au centre des débats dans un contexte pareil.
« Ne nous mentons pas. Toutes les organisations internationales impliquées dans l’aide humanitaire en Haïti, quand elles veulent aller à Cité Soleil ou à la Croix-des-Bouquets, demandez-leur à qui elles s’adressent ? Il faut cesser cette hypocrisie. Les ambassades interagissent avec les groupes armés », a tenté de justifier Liné Balthazar face à l’animateur de l’émission visiblement choqué, comme pour souligner la pertinence de la présence d’un groupe comme Viv Ansanm.
« Il y a un phénomène de groupes armés illégaux dans le pays, il faut de façon adulte et pragmatique résoudre ce problème. Personne ne va le faire à notre place », poursuit M. Balthazar. Aussi, selon le responsable politique, il y a déjà « de fait une cohabitation entre le CPT qui dirige à Pétion-Ville et le haut de Delmas et les gangs qui contrôlent le territoire. »
Ayant anticipé les remous que ses propos pouvaient provoquer, Liné Balthazar a expliqué qu’il n’est aucunement en contact avec les gangs armés mais il estime qu’il faut considérer le phénomène des groupes armés dans le pays. « Nous sommes obligés d'intégrer cette réalité dans nos réflexions. Dans les discussions, les étrangers nous demandent toujours ce qu’on va faire avec les gangs. Ils ne nous demandent pas de les tuer... », a indiqué Balthazar.
Contrairement à Liné Balthazar, André Michel se montre catégorique sur la question de Viv Ansanm. « Notre position est claire depuis toujours: pas de dialogue avec les GANGS! Pas de négociation avec les GANGS!Les Gangs,il faut les écraser ! Il Faut arrêter les mensonges! Nous n’aurions jamais accepté de signer un document avec des criminels, et ceci,même au péril de notre vie! », a écrit André Michel sur X (anciennement Twitter).
« L’accord du 21 Décembre endosse pleinement les 3 scénarios contenus dans le document envoyé à la CARICOM pour le redressement du CPT,délégitimé et discrédité par le scandale de la BNC.Nous attendons les discussions avec les parties prenantes haïtiennes », a-t-il poursuivi.
Dans le document soumis à la rédaction, il est clairement mentionné le nom de Viv ansanm. Dans le document, il est formellement précisé que « Viv ansanm » soutient la proposition. Le groupe criminel se retrouve aux côtés d’autres structures politiques comme ASE, Réveil et ses alliés, Collectif 4 décembre, Force Louverturienne qui soutiennent la proposition.
La position de ces partis révolte au plus haut point le président du CPT, Leslie Voltaire
qui a vivement condamné le document transmis à la CARICOM. Sur X ( anciennement Twitter), il qualifié cette initiative d’« alliance inacceptable », estimant que l’association de certains secteurs avec « Viv Ansanm » constitue une menace pour la République.
Selon Leslie Voltaire, cet acte marque un éloignement flagrant « des principes républicains », « trahit la mémoire des victimes et porte atteinte à note souveraineté ». M. Voltaire a même appelé à ce que les auteurs de cette initiative soient traduits en justice.
Ce débat ne plait pas non plus à Pierre Espérance interviewé par Miami Hérald. « En aucun cas, les gangs n'aideront jamais à résoudre la crise de la sécurité », a déclaré Pierre Esperance, responsable du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH). Selon lui, impliquer les chefs de gangs dans un accord politique « c'est renforcer l'impunité et les légitimer ».
Lors d’une entrevue ce lundi sur les ondes de la Radio Ginen, Claude Joseph a confirmé que le document a été signé par lui pour EDE, Agronome Jean André Victor pour le collectif du 30 janvier et l’ancien sénateur Sorel Jacinthe pour l’accord du 21 décembre.
Selon les explications de Claude Joseph, le document faisait l’état de la situation du pays et un round up et des explications sur les trois options soutenues dans la société. Il évoque Viv Ansanm qui est un groupe criminel qui soutient la proposition de la cour de cassation tout comme d’autres acteurs politiques.
« Le document dit qui sont les personnes qui prônent l’option de la cour de cassation. Il y a des partis politiques, secteurs de la société civile et un group e de gang dénommé Viv ansanm », explique Claude Joseph qui explique que EDE n’est pas dans l’option de la Cour de Cassation, estimant que cette option est discréditée en raison du fait que Viv Ansanm la supporte.
Entre-temps, Viv Ansanm ne cesse de terroriser la population. Au moins 5.601 personnes ont été tuées en Haïti l’année dernière en raison de la violence des gangs, soit une hausse de plus de 1.000 personnes par rapport au nombre total de tués en 2023, selon des chiffres vérifiés par le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies.
Récemment, le chef de gang Jimmy Cherisier alias Barbecue, porte-parole de « Viv Ansanm », avait annoncé le changement de statut de l’organisation criminelle en « parti politique. »
Par: Daniel Zéphyr
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