
Annoncée en grande pompe, la manifestation lancée par le chef de la brigade du Canapé-Vert pour renverser le Conseil Présidentiel et la Primature n’a pas tenu ses promesses. Celui-ci, dénonçant l’inaction des autorités face à la crise sécuritaire, avait appelé la population à descendre dans les rues, armes à la main. Cet appel avait semé une vive inquiétude dans la zone métropolitaine et ses environs. Pourtant, ce mercredi 16 avril 2025, baptisé " Mercredi noir", seuls quelques milliers de personnes ont répondu à l’appel. Ce nombre insuffisant a poussé les organisateurs à renoncer à marcher vers la Villa d’Accueil. La manifestation, appuyée par l’ex-officier Guy Philippe, a été reportée à une date ultérieure.
Malgré ce report, plusieurs centaines de citoyens ont tout de même défilé dans les rues de la capitale pour dénoncer l’insécurité galopante et exiger le départ du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). La marche, partie de Canapé-Vert en direction de la Villa d’Accueil, a été interrompue. Selon Samuel, le chef de la brigade de vigilance de Canapé-Vert, des menaces auraient été proférées pour empêcher la population d’exercer son droit de manifester.
Dès cinq heures du matin, des barricades ont été érigées sur la route de Canapé-Vert. Les premiers manifestants se sont rassemblés sur la place publique avant de parcourir les quartiers avoisinants, notamment les camps de déplacés de Bois-Verna, pour mobiliser davantage de participants. En l’espace de quelques heures, la foule s’est étoffée, atteignant plusieurs milliers de personnes venues de Turgeau, Debussy, Carrefour-Feuilles, Bourdon, et Debrosse.
« Aujourd’hui, nous voulions marcher pour notre dignité. Mais on nous a bloqués. On nous empêche de dire que nous avons peur, que nous avons faim, que nous sommes traqués dans nos propres maisons », s’indigne une manifestante croisée à Canapé-Vert, visiblement en colère.
Face à la présence massive des forces de l’ordre déployées autour des bâtiments gouvernementaux, les organisateurs affirment avoir décidé de reporter la marche pour éviter une escalade de la violence. Des unités de la Police nationale d’Haïti (PNH) et des Forces Armées d’Haïti (FAd’H) bloquaient en effet les accès aux institutions ciblées. Le chef de la brigade, Samuel, a déclaré avoir préféré « éviter un massacre ». Il assure toutefois que ce n’est que partie remise.
Des civils armés ont été aperçus au sein même de la foule, semant la confusion sur l’identité des forces en présence. Le journal n’a pas pu confirmer si tous étaient affiliés aux forces de sécurité ou à d’autres groupes. Pour plusieurs observateurs, cet environnement tendu a pesé dans la décision de reporter la mobilisation.
Les manifestants dénoncent non seulement l’insécurité croissante et les violences des gangs, mais aussi le silence et l’inaction des dirigeants de la transition. « Ils sont enfermés à la Villa d’Accueil, pendant que nous mourons chaque jour dehors. Il faut que ça cesse ! », lance un jeune homme brandissant une machette.
Aux alentours de midi, des barricades enflammées ont été dressées à Delmas 32, bloquant un axe stratégique entre Port-au-Prince et les hauteurs de Delmas, paralysant davantage la circulation dans la capitale.
La brigade du Canapé-Vert, qui affirme protéger son quartier contre l’intrusion des groupes armés, promet de maintenir la pression. La mobilisation reprendra très prochainement, affirment-ils. « On ne peut plus rester les bras croisés. On veut vivre, on veut respirer, on veut la paix », clame une jeune femme déplacée de Carrefour-Feuilles.
Pr. Arnold Junior Pierre
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