PubGazetteHaiti202005

Cayes/Post-séisme: la vie ne sourit pas aux sinistrés sous les tentes à Gabion

Aux Cayes, sur le terrain Gabion cet adolescent a faim

Sans logement depuis le séisme du 14 août, des centaines de familles tentent de planifier difficilement leur vie sur le terrain Gabion dans la ville des Cayes. La vie ne sourit pas à ces familles entassées sous ces tentes de fortune où tout manque. Coup d'œil sur ce qui se passe sur le terrain vague dans la ville des Cayes.

 

Mardi 31 août. Il est 11 heures du matin. On est sur le terrain Gabion dans la ville des Cayes.  À cet endroit, des tentes de fortune sont érigées moins de 24 heures après le séisme qui a tout changé pour ces familles.  Tout paraît calme. Pourtant, le lot de problèmes des sinistrés qui s’accaparent l’espace saute aux yeux. Ils sont privés de tout. Pas de nourriture ni d'eau potable. L'odeur pestilentielle du bloc sanitaire repousse tous ceux qui s'y approchent.

Photo

Des morceaux de toiles, de prélats et d'autres tissus suffisent à ces familles sinistrées de construire leur abri provisoire sur ce terrain vague. Le décor est planté à chaque proximité du terrain. Ici, il y a environ 300 tentes de fortune, si l'on en croit les chiffres avancés par les sinistrés. La majorité d’entre eux dorment à même le sol sur un terrain parfois humide et marécageux à chaque averse de pluie. Leur quotidien cauchemardesque est similaire en temps de pluie tout comme  quand le soleil est au zénith. 

Marie Matt Félix, mère de cinq enfants, voit l'avenir s'effriter devant elle en moins d'une minute. Les quelques secondes de secousses sismiques au cours desquelles, son logis familial s'écroulait comme un château de cartes. 

« Venez voir l'endroit dans lequel je suis logée avec mes enfants », insiste Marie Matt Félix, suppliant les journalistes de prendre ses coordonnées afin de la faire bénéficier d'une tente. « Je ne veux pas de nourriture. Je veux seulement une tente qui pourrait me mettre à l'abri de la pluie avec mes enfants et dans laquelle, on pourrait nous reposer la nuit », confie-t-elle. 


Marie Pauline Joseph, 83 ans, cheveux blancs, visage blafard est aussi sous une tente mal fagotée de tissus usés et un bout de prélat troué. (Son fils arrive à extraire des décombres son lit). Cette octogénaire s'apprête à vivre sa troisième semaine dans cet espace. Sans espoir aucun. Elle est condamnée à vivre sous cette tente puisque sa maison n'a pas résisté à la Violence des secousses. « Je n'arrive pas à dormir quand la pluie tombe car je suis toute trempée. Quand elle ne tombe pas, la chaleur est insupportable », explique Marie Pauline Joseph, racontant ses vieux jours avec peine. « Je n'ai jamais vécu ça dans ma vie », dit-elle. Il était un peu plus 11 heures ce matin-là, cette octogénaire n'a pas encore pris son petit déjeuner. 

Sur ce terrain vague qui sert désormais de camp d’hébergement à plusieurs centaines de familles, l'équipe de football Juventus des Cayes à l'habitude de s'entraîner. L'espace maintenant est devenu hanté par la misère au point que chaque sinistré est en attente de  l'aide quand une personne vient l'interroger sur leur situation.


Cette jeune nourrice s'approche elle aussi. Elle envoie son nourrisson né le jour du séisme chez une amie car la chaleur suffocante sous les tentes est intenable. Comme tant d'autres, sa galère réside à passer plusieurs heures debout avec son nourrisson quand la pluie s'accompagne du vent, explique-t-elle.


Yolanda, 20 ans, assise à côté de sa tante sous une tente, nous explique qu'elle dort nue chaque soir pour essayer de trouver le sommeil. Elle n’a pas peur malgré que ni l'espace ni sa tente de fortune n'est sécurisé. « Quand la chaleur est insupportable nous levons les draps pour que de l'air puisse rentrer », laisse entendre la tante de Yolanda qui n'a aucun autre endroit pour aller se reposer. 


17 jours après le passage du séisme les autorités de l'État sont inactifs ou peu présents sur les lieux d'hébergement. Pas de distribution de tentes, de bâches ou de prélats dans les camps d'hébergement dans la ville des Cayes. Faute de ces accessoires capables d'aider à aménager un espace plus ou moins vivable, certaines personnes décident de rentrer dormir dans leur maison fissurée. 


L'aide humanitaire au compte goutte et mal distribuée

Dans le camp d'hébergement des Cayes, quand l'aide alimentaire arrive, des bandits en font la mainmise. Si l'on en croit les sinistrés, des hommes armés ne laissent pas les vrais bénéficiaires trouver de l'aide. 

Alors que le gouvernement haïtien avait annoncé que la Protection civile allait coordonner l'aide humanitaire dans les zones affectées par le séisme, des appels de détresse fusent partout dans le Grand Sud. En dépit du grand élan de solidarité des pays amis envers Haïti, la distribution de l'aide humanitaire laisse à désirer, en raison d’une mauvaise coordination. Les aides, accaparées par des individus puissants, n’arrivent pas aux vraies victimes. Comme en janvier 2010, la coordination de l'aide humanitaire est un échec total 20 jours après le passage du séisme meurtrier de magnitude 7.2 qui a transformé le quotidien des habitants du Grand Sud en un véritable cauchemar.

 

 

 

Par Michelson Césaire

Category

Politique

Culture

Economie

Sport