PubGazetteHaiti202005

Fête des morts: quand les chants catholiques se mélangent aux danses des guédés au cimetière de Port-au-Prince

La fête des guédés au cimetière de P-au-P

La fête des morts appelée « fête des guédés » n'a pas réuni grand monde cette année au cimetière de Port-au-Prince. Elle est célébrée dans un contexte inédit d’insécurité en Haïti.
 
Aucun signe n’indique vraiment que ce premier novembre est la fête des morts au cimetière de Port-au-Prince. Les tas d’immondices, les égouts à ciel ouvert, les carcasses de voitures qui se trouvent dans les parages caractérisent le décor d'un cimetière laissé à l’abandon.

 
Après un nombre restreint de participants constaté dès la première moitié de la journée du premier novembre, la foule grossit peu
à peu pour la deuxième moitié de la journée. Les adeptes à tour de rôle défilent aux pieds du Baron Samedi, le grand maître du cimetière. 
 
Il faut traverser le Mémorial du 12 janvier 2010 en tournant à droite pour arriver jusqu’à baron où une grande croix à la peinture noire est érigée. Devant il y a Baron, le premier enterré du cimetière, grand maitre des guédés et tout juste derrière lui se trouve la belle commère Grande Brigitte. Tout en haut il y a l’épitaphe : Bonne fête à tous les morts. Et au-dessous duquel se trouve une fresque murale modelée avec Baron tenant la main de sa campagne Grande Brigitte. Cet endroit loge dans l’ensemble le Mémorial du 12 janvier 2010 et l’Eglise Notre Dame des sept Douleurs.
 
Si les cimetières ont la réputation d’être des endroits calmes et silencieux, pour ce premier novembre, celui de Port-au-Prince se transforme en une véritable théâtre de festivités. Outre les vodouisants, au fond, non loin du Baron, une messe est au même moment célébrée. C’est à la chapelle Notre Dame des sept douleurs, à l’occasion de la « Toussaint », ainsi appelée par l’église catholique.
 
D’un côté, les fidèles catholiques scandent des chants dédiés au Christ et à la Sainte Marie. Et parallèlement, les vodouisants chevauchés par les guédés, se livrent à des mouvements de danse, avec des gestes érotiques. Difficile de faire la distinction entre les catholiques et les vodouisants dans cette atmosphère où les individus et les vèvè s’entremêlent. 
 
Il est 13 heures de l’après-midi maintenant, le nombre de pèlerins augmente peu à peu. Des sourires et fous rires accompagnent des chants typiques du Vodou. Les oreilles chastes n’ont pas leur place dans cette ambiance.
 
Un septuagénaire, éclaboussant la poussière d'un coup de rhum se vante déjà de son geste envers baron et il dit : « mwen pa bay baron kleren blanch mwen menm  se bon rhum mw bay bawon ».
 
Parallèlement, un autre participant dans la trentaine, a fait savoir qu'il vient uniquement pour le plaisir. « Se trip mwen vinn trip mwen map chache plezi, », a-t-il déclaré.
 
 
 
Soulignons que la célébration du culte des
morts se fait en principe le 2 novembre. Etant donné que le 1er novembre est aussi congé à l’occasion de la fête de la Toussaint les adeptes du vodou en profitent pour célébrer la fête des guédés.
 
 

 

Par Fenel Pélissier

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